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Si j’ai ouvert ce blog, c’est notemment pour parler de personne telle que Biscuit Ballerina aka Shelby Williams. Une danseuse classique qui se moque d’elle même et  ose se montrer imparfaite juste pour rire ? J’avais forcément envie d’en savoir plus sur cette « Biscuit Ballerina ». Un jour je lui ai donc envoyé un message au culot via Instagram pour lui proposer de la rencontrer, et elle a accepté….

 Il faut un grand savoir faire, pour savoir « vraiment » danser mal. Que dire alors de danser mal avec humour ? C’est ce qui m’a tout de suite plu chez Biscuit Ballerina, aka Shelby. Danseuse au « Ballet de Flandres » (dont le directeur artistique est quand même Sidi Larbi Cherkaoui, #jalousie), son concept : improviser des petites scènes de danse, où elle joue la danseuse classique Hyper sûre d’elle, mais, juste très mauvaise techniquement.  Elle est devenue un phénomène sur instagram: en 5 mois elle a réuni déjà plus de 61k abonnés. Avec toutes mes heures passées sur pointes, je peux vous dire que j’explose de rire à chaque vidéo !

Je voulais résumer en 9 questions notre entrevue, mais le courant est tellement bien passé entre nous, que nous avons discuté plus d’une heure : on a parlé de danse,  de la difference entre la danse aux Etats-Unis et en Europe, de ses projets, de nos similitudes… C’était tellement chouette ce moment que ça me crevait le cœur de devoir résumer…

Alors j’ai decidé de garder un maximum de notre conversation sur cet article ! Je me suis dis que ça vous intéresserait aussi, et l’article existant, vous pourriez y revenir à plusieurs fois si vous n’avez pas le temps de tout lire d’un coup <3

Une magnifique rencontre donc, que je suis très heureuse de vous partager sur le blog.

Interview Biscuit Ballerina

Shelby, « Biscuit Ballerina ». Photo Nicha Rodboon

  1. Qui es-tu ?

Je suis Shelby Williams alias Biscuit Ballerina. Je suis américaine mais je vis en Europe depuis l’âge de 19 ans.

  1. Pourquoi venir danser en Europe ?

A part ma formation faite aux US et mon expérience à la « Houston Ballet 2 », tout mon parcours de danseuse professionnelle : je l’ai acquise en Europe. A vrai dire, ma perspective de comment danser et comment être danseuse a complètement changer dés que je suis arrivée ici.

Aux Etats Unis, l’art n’est pas autant aidé et soutenu par les institutions publiques ( les financements venant plutôt de groupes privés.) qu’en Europe. Lorsqu’un problème économique survient, les compagnies de danse sont les premières atteintes : il faut réduire les coûts des compagnies, ce qui veut tout de suite dire que des contrats vont être supprimés.

Donc, quand tu danses en compagnie aux Etats-Unis, tu penses rapidement: si « quelque chose » arrive, je ne veux pas être la personne qui « laisse partir » en premier.

La Vraie Shelby, dans « Sleeping Beauty » de Pascal Touzeau.

Et je trouve qu’en Europe, il y a une vraie place pour l’art et un réel soutien de la part des institutions publiques.

J’ai l’impression que cela se ressent dans le travail et dans nos relations. La compétition entre les danseurs est totalement différente de celle qui existe aux Etats-Unis.

Bien sûr, il y a des personnes qui ont envie d’atteindre des objectifs, et veulent avoir le plus d’opportunités possibles, « il faut que je sois meilleur que la personne d’à côté si je veux arriver à décrocher ces opportunités » …

Mais cette envie n’est peut etre pas rempli de peur comme aux Etats-Unis : « il faut que je sois meilleur si je ne veux pas perdre mon travail ». Et c’est une grand difference pour moi.

Hilda : « C’est vrai que la seule audition que j’ai voulu faire aux Etats-Unis, était pour la Cedar lake dance company à New York, et, je suis tombée l’année où tous les budgets ont été coupé et la compagnie a fermé… (Vous avez le droit de rire) »

Biscuit Ballerina: – Oui je me souviens de ça ! Par exemple, le plus grand problème de Cedar lake était qu’il n’y avait qu’une seule grande donatrice. Alors lorsqu’elle a décidé, après 13 ans, d’investir son argent ailleurs, la compagnie n’a pu faire autrement que de fermer. C’est très triste, car c’était une des rares compagnies aux Etats-Unis qui proposait des contrats de 52 semaines (et si belle artisiquement !) Toutes les autres offrant plutôt des opportunités de contrat entre 30 à 44 semaines (si tu as de la chance d’être dans une grosse compagnie de danse). Donc le reste du temps, tu dois trouver autre chose pour subvenir à tes besoins : enseigner, trouver des contrats courts, ou le plus souvent faire complètement autre chose…

La compétition malsaine nait peut être de ce manque de stabilité chez nous…

3 . C’est quoi la danse pour toi ?

Cela m’apporte du plaisir évidemment et j’aime m’exprimer à travers la danse.… Mais Parfois j’oublie ce que veut dire vraiment la danse pour moi…

Shelby dans « Café Mueller » de Pina Bausch. Photo: Filip Van Roe

Et c’est lorsque je vais voir d’autres danseurs s’exprimer sur scène, que je ressens souvent ce que cela represente et signifie pour moi.  Comme il y a quelque jours par exemple, lorsque je suis allée voir le spectacle de « Wim Wandekeybus » , par sa compagnie Ultima Vez..

Malgré toutes les mauvaises choses qui se passent dans le monde, je pense que l’art nous apporte ce moment où l’on se rend compte que oui : l’humanité et la beauté existe dans ce monde.

Alors ce que la danse est pour moi, je le réalise quand je la vois:  c’est un réel moment de respiration dont j’ai besoin dans la vie.

  1. Comment est née Biscuit Ballerina ?

Dès mes premiers pas de danse, je savais que je n’avais pas le « corps » pour la danse classique : je n’étais pas souple, je n’avais pas de beaux « pieds ».  J’ai pourtant travaillé très dur…

Après avoir obtenu une bourse d’études, je suis partie dans mon école de  formation… Et là-bas, tout le monde autour de moi avait les atouts physiques que je n’avais pas (et n’aurai jamais).

Je me stretchais comme une dingue, j’essayais de gagner en flexibilité dès que je pouvais, j’ai eu des moments difficiles avant d’accepter que je ne serai pas comme cette fille qui lève la jambe jusqu’ici, ou qui a un pied comme cela…

Comme ce jour en classe… On était en train de travailler un adage, j’ai regardé les gens autour de moi et je me sentais si coincée !  C’était un de ces jours, où j’avais beau faire tous les efforts du monde : à chaque step exécuté je me sentais lourde et si mal à l’aise…

J’avais 16 ou 17 ans environ et j’ai donc commencé à pleurer.

Par chance, nous étions suivis par un psychologue du sport à l’école de Houston et le directeur de la formation m’a conseillé de suivre des séances.

Ce psychologue, a  un jour, comparé la danse au golf :

« SI tu joues le jeu de la perfection, tu n’y arriveras jamais. Mais si tu te concentres à aimer le processus pour y arriver, c’est là où tu vas progresser. »

Et c’est resté en moi. Même si nous arrivons à faire des choses « incroyables » ou « hors du communs » avec nos corps :

Nous ne sommes pas des supers humains parce que nous sommes danseurs.

Nous avons une vie, des étapes à surmonter, comme tout le monde, nous progressons par paliers et il y a des moments où l’on ne se sent plus évoluer… Les moments parfois les plus durs !  J’ai beaucoup appris grâce à ce psychologue et notamment à mieux gérer tout ces moments la.

H. C’est incroyable, j’ai eu ce même genre de déclic après avoir lu et rencontré un coach mental  à mes 21 ans… Tu as eu de la chance de le connaître si jeune !

B.B  Oui. C’est vrai que j’ai eu de la chance. On manque peut-être cruellement lors de nos études en danse, de préparation mentale…

Alors après tout cela, j’ai commencé à me dire que si je n’arrivais pas à exécuter un mouvement, plutôt que de me morfondre en pensant seulement à quel point je l’avais mal fais,  pourquoi ne pas en rire ?

Shelby en Biscuit Ballerina. photo: Nicha Rodboon

J’ai donc commencé à exagérer « mes mouvements incorrects ». Et rater des steps n’a plus été déprimant mais drôle pour moi.

Cela m’a accompagné toute ma carrière : dès qu’une journée était trop lourde ou que  mes collègues et moi ne pensions plus pouvoir aligner deux pas, je commençais a faire « ma mauvaise danse» , en montrant, « voilà comment je me sens en ce moment ». Cela nous faisait rire, nous détendait et nous permettait de reprendre le travail plus sereinement.

Et puis je suis arrivée au Ballet de Flandres. Nous avons eu un de ces moments de répétitions compliqués, où tout le monde se sentait coincé. Il a suffit que La musique « célébration » arrive en fond sonore, pour que je commence à « mal danser » , et à faire ma « biscuit ballerina ». comme je le fais depuis le début de ma carrière. J’ai improvisé.  Sauf que Drew Jacoby, danseuse aussi au ballet, a enregistré ce moment, sans que je le sache !), et l’a posté sur son instagram…

La vidéo en question…

 

Ca a été vue plus de 12000 fois ! Alors elle m’a dit : « Peut être que tu devrais faire quelque chose avec ça. »

Et voilà comment Biscuit Ballerina est née.

  1. Comment procèdes-tu pour tes vidéos ?

N’étant pas très réseau social, je n’ai même pas un vrai téléphone qui me permet de filmer…

Je ne savais pas comment m’y prendre au début mais comme je pensais que seulement mes amis et collegues suivraient mes videos…

Le premier mois, j’empruntais le téléphone d’une collègue, elle m’envoyait la vidéo par mail et je m’arrangeais pour poster la vidéo via ma tablette…

Pour faire mes vidéos, je prends une vingtaine de minutes, je regarde quelques vidéos sur youtube si je veux me remémorer une variation de « répertoire » que je veux « mal danser », et puis je me laisse aller… En deux ou trois prises généralement la vidéo est terminée… Et voilà.

Je n’étais pas consciente que ça allait très vite jusqu’à ce qu’on me dise : « Oui 3000 personnes en deux semaines c’est très rapide ! »

Maintenant, j’ai un ipod, et je filme tout avec.

Comment tout çà s’est produit,  je ne sais pas, mais les gens ont commencé à me suivre de plus en plus…

H. – Peut être parce que tu es la seule pour l’instant à faire cela…

BB.- Et ça me surprend énormément ! C’est vrai que nous sommes dans un monde où l’on veut montrer le meilleur de nous même, et nous le savons tous : quand on poste une vidéo, on peut aller jusqu’à couper exactement au moment où il faut pour montrer la meilleure partie de soi…

Bien sûr que les gens et en particulier les danseurs, n’aiment pas montrer leurs failles ou erreurs… Mais Pourquoi avoir honte de mal exécuter des mouvements ?  C’est souvent même très drôle ! Alors c’est pour cela que j’ai décidé de l’exagèrer.

Si les gens ont suivi « biscuit ballerina » si rapidement, c’est que secrètement, nous savons que nous le faisons tous dans nos studios de répétitions : se moquer de nous même est si bon ! Cela nous permet de relativiser !

Le fameux « falling friday » de Biscuit Ballerina

  1. Qu’est ce que t’apportes Biscuit Ballerina ?

Ce que j’aime avec Biscuit Ballerina, c’est que je remarque qu’un danseur ou une danseuse professionnelle peut écrire le même commentaire et rire de la même façon qu’un adulte qui vient de commencer la danse classique, qu’un etudiant en danse, ou simplement une personne passionnée par la danse.  Je ne m’attendais pas à cela : et  voir que Cette B.B décloisonne à sa façon les « rangs » me rend très heureuse. Peu importe notre niveau en danse, de notre classe sociale, de notre âge etc… , nous pouvons avoir le même sens de l’humour et apprécier les mêmes détails… C’est une expérience incroyable.

  1. Quels sont tes futurs projets avec Biscuit Ballerina ?

Au début, on m’a conseillé de créer une chaine youtube, j’adorerai pouvoir faire de plus longues videos de Biscuit Ballerina mais pour l’instant j’ai mis cette idée de côté : une question de temps seulement …

Je compte ouvrir un blog prochainement ,  interviewer mes amis danseurs vivant un peu partout dans le monde et leur demander, après les questions qui es-tu, d’ou viens-tu, où danse-tu,

« Quel a été ton plus grand combat ? »

Ce qui est le plus difficile, je trouve, lorsque l’on veut devenir danseurs professionnels, c’est que personne ne parle vraiment des difficultés. Parce que quelque part peut être dans notre milieu, on se dit que, lorqu’un danseur ou une danseuse partage son ou ses combats, se points délicats, cela le rend  faible.

En tant que danseurs, nous ne voulons pas montrer nos faiblesses, et nous faisons en sorte de toujours montrer le meilleur de nous-même : nous pensons que montrer nos faiblesses nous empêcherait d’être distribués ou choisis.

Mais si d’autres danseurs montraient que eux aussi ont leurs difficulés, leurs points faibles, peut être que cela nous permettrait de nous rendre compte et de nous faire sentir que nous ne sommes pas seuls, et que tout le monde même notre collègue si doué, a lui aussi ses propres difficultés…

H.  – C’est exactement ce que je souhaite partager aussi grâce à Hilda ! Même si nous sommes danseurs, Nous sommes finalement humains, et pas si differents. La compétition n’est pas avec les autres mais avec soi-même …

BB. – Oui c’est vrai !

En tant que danseur (ou en tant que personne), nous avons peur de cela : « si j’aide telle personne, elle va devenir meilleure que moi ! ».

Mais nous pouvons aider les autres sans avoir peur de perdre la place que l’on occupe.

Vouloir être les meilleurs lorsque nous allons sur scène, c’est évident,  et nous sommes tellement exigeants envers nous-même pour cela…

Mais ne pas oublier notre humanité en dehors de la scène, est pour moi essentiel : si nous l’oublions, cela va se traduire autrement dans notre vie, comme par exemple déprime, trouble alimentaire, Burn Out…

Je connais beaucoup de danseurs qui ont eu des burns outs : pourtant ils aiment la danse, ils aiment danser.. Ce n’est pas la danse, mais la pression et le contexte dans lequel ils évoluaient qui les ont amené à craquer…

  1. Justement, en tant que danseuse, quels seraient les conseils que tu souhaiterais te repeter ou partager aux autres danseurs pour ne pas en arriver a ce point ?

Trouver ce qui nous rend spécial, l’accepter pour ne jamais perdre la confiance en nous.

La carrière d’un danseur ou d’une danseuse professionnel/le a une durée très detérminée (comme un sportif de haut niveau). Elle est faite de hauts et de bas, de beaucoup de travail pour des résultats très fins … Alors, trouver ce quelque chose en nous qui nous rend fier et qui nous guidera même dans les mauvais jours est peut être ce qui serait le plus important réellement …

Et si la situation, le milieu professionnel dans lequel vous évoluez, ne vous rend absolument pas heureux : alors partez.

Prenez de la distance. Prenez votre temps. Expérimentez ce temps pour vous.

  1. Et en tant que Shelby, quels sont tes envies, futurs projets ?

Continuer à développer Biscuit Ballerina via le blog et la chaine youtube avec des variations entières en Biscuit ! …

Photo: Nicha Rodboon

Mais un projet qui me tient vraiment à cœur, ce serait de me déplacer dans les écoles de danse… et voir si je ne peux pas à mon niveau apporter un autre point de vue peut être…

Je ne veux pas trop saoûler les gens avec des discours de motivation, mais je me suis rendue compte que la plupart des personnes qui suivent Biscuit Ballerina sont des adolescents… Et j’adorerais avoir l’opportunité de découvrir comment eux vivent la danse et ouvrir le dialogue avec ces jeunes à propos de notre univers me plairait enormément…

 

  1. Ton plus fort souvenir en tant que danseuse ?

 

J’étais au Ballet d’Europe. Je suis arrivée très jeune. Je ne m’épanouissais pas dans la compagnie, pour plusieurs raisons, mais je voulais rester parce que je n’avais rien d’autre… La saison est passée, et l’heure des renouvellements de contrats a sonné. N’étant pas douée pour cacher mes émotions, le directeur avait bien vu que je n’étais pas heureuse ici, et donc, m’a annoncé que je n’aurai pas de contrat la saison d’après.

A l’annonce de la nouvelle, ça m’a détruite et j’ai été prise de panique : « mais qu’est ce que je vais faire, il faut que j’aille auditionner, mais je vais où, comment je dois m’organiser ? »…

Maintenant que je regarde en arrière, je suis tellement heureuse que ce contrat n’ait pas été renouvelé !

Grâce à cette décision, je me suis concentrée sur ce que je voulais vraiment, et me suis donnée les moyens pour y arriver.

Shelby dans « Requiem » De Sidi Larbi Cherkaoui. Photo: Filip van Roe

H. Nous nous ressemblons beaucoup, je crois !

B.B Entre le ballet d’Europe et le contrat d’après, il s’est passé 6 mois. 6 mois où j’ai été libre de faire ce que je veux, et d’expérimenter ma vie loin des institutions en compagnie.

Ce temps, je suis tellement heureuse de l’avoir eu car je pense que c’est ce qui m’a permis de clarifier  ce que je voulais vraiment poursuivre artistiquement. Depuis ce temps, je prends mes decisions en accord avec qui je suis et ce que je veux faire vraiment.

  1. Pour terminer… Partage nous un secret : sur la danse et toi !

Ok,  ce que j’ai dis par rapport à mon premier contrat était déjà finalement un secret… Mais j’en ai un autre un peu dingue, qui va surement faire rire :

J’avais 11 ou 12 ans je crois, lorsque j’ai commencé les pointes.. Une de mes « copines » de classe m’avait dit : « tu sais, la danseuse principale qui a dansé avec nous pour Casse Noisette ? Elle dort avec ses pointes pour que ses pieds soient parfaitement adaptés à ses chaussons… »

Alors, comme je trouvais que mes pieds n’étaient pas « comme il fallait »,devinez ce que j’ai fais ?

Je serrais à fond mes pointes, et… je dormais avec…

Ça n’a évidemment jamais marché, mis a part que je me réveillais en ayant si mal aux pieds que je m’en souviens encore !

H. Alors j’ai déjà fais, dormir en grand écart, ou en grenouille parce que je voulais devenir plus souple mais la…

(grands eclats de rire)

BB. Oui je sais, cette histoire de pointes est vraiment très spéciale !

 

A la fin de Notre rencontre. Biscuits Ballerinas Poses.

Pour suivre Biscuit Ballerina:

Instagram:

@biscuitballerina

La vraie Shelby

@shelbybybiscuitlife

son site (seulement en anglais) : http://biscuitballerina.com

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