Je suis émue de cet article: Florie et moi, on a partagé des studios de danse, back to notre adolescence (coucou Emmanuelle Lecerf-Vakaryn et Jean-Marc Marquerol)! Se retrouver plusieurs années plus tard, à Paris, voir le chemin que l’on a parcouru et celui qu’on est en train de se construire, fait partie de ces moments magiques du métier! Florie Sourice, est une femme pétillante, positive et généreuse. Elle sait danser, chanter et jouer la comédie avec une agilité assez folle. On a pu la voir sur scène, dans les comédies musicales Mamma Mia, Grease, Emilie Jolie… Elle est aussi metteure en scène, chorégraphe et directrice artistique de « Grease Generation », production montée avec son partenaire de scène lors du spectacle Grease. Je suis admirative de Florie, et du chemin qu’elle se trace, et vous allez le lire, on sent sa belle énergie derrière chacun de ces mots. Enjoy cette interview <3
nb: cette interview a été réalisé avant le confinement. J’ai rajouté une question bonus à la fin, spécial post-confinement, pour que vous soyez au plus près de l’état d’esprit de Florie <3
1. Bonjour! Tout d’abord, qui es-tu ?
Bonjour! Je suis une jeune trentenaire qui vient de la jolie province d’Angers. Mais bientôt je vais pouvoir dire que je suis parisienne, il parait que quand ça fait 10 ans que tu vis dans la capitale c’est rapé t’es parisien! crap! J’ai eu la chance d’avoir une famille formidable qui m’a apporté des valeurs simples, naturelles et un peu loufoques.
Je suis donc aujourd’hui une jeune femme épicurienne, folle de la scène, de l’ambiance des coulisses, de la création, des rapports humains et du bon vin nature !
2. C’est quoi la danse pour toi ?
La danse c’est la plus belle et la plus simple façon de s’exprimer. On danse tous d’une certaine façon. Quand tu vas acheter ta baguette par exemple c’est une sorte de danse je trouve. (j’ai dit que j’avais eu une éducation un peu loufoque hein!)
Ça m’a permis bien souvent d’exprimer, d’extérioriser des émotions simples ou complexes que j’avais en moi, quand les mots ne suffisaient pas. La danse peut être thérapeutique ou simplement belle. C’est ça qui me plait je crois, il peut y avoir des enjeux qu’on exprime en dansant, comme il peut y avoir le simple fait de faire quelque chose de jolie ou de raconter une histoire simple. On oublie car on veut donner un sens à tout aujourd’hui mais parfois danser, ou regarder quelqu’un danser et trouver ça beau, simplement bah ça me plait aussi!

Spectacle Grease, Florie Sourice et Doryan Ben. Photo Alessandro Pina
3. Pourquoi et comment as-tu commencé la danse ?
Depuis toute petite je faisais du piano, du solfège (beurk), du théâtre et de la danse. Puis à l’âge de 12 ans j’ai rencontré une femme qui a été essentielle dans la construction de ma carrière. Emmanuelle Vakaryn, bretonne d’origine qui revenait de Biélorussie où elle avait été soliste dans l’ensemble national de Minsk. Et pour des raisons de conflits politiques, elle et son mari, un danseur Biélorusse, sont rentrés en France et ils ont atterri dans ma petite campagne.
Cette rencontre a été incroyable car j’ai très rapidement intégré leur compagnie de danse de caractère. Des danses traditionnelles slaves, ukrainiennes, cosaques, tziganes: une culture qui m’a tout de suite touché et j’ai eu la chance d’être accompagnée par cette prof qui est devenue une amie. J’ai évidement dû apprendre ces techniques inspirées de la danse classique qui demande une grande rigueur. J’ai donc dû abandonné mes autres activités artistiques car je pratiquais 15h de danse/ semaine en fin de collège et lycée.
A l’issue de mon bac, j’ai intégré L’Institut National des arts du Musical, une école pluridisciplinaire au Mans. J’ai à ce moment là retrouvé le chant et le théâtre, tout en restant quand même principalement concentrée sur la danse.
Puis surtout à New York où j’ai eu la chance d’intégrer une école à Broadway pendant plus d’un an. La méthode américaine qui met à l’honneur les qualités de chacun et te pousse toujours à te dépasser, m’a confirmé que j’étais à la bonne place.

Photo: Yohann Trepannier
4. On a pu te voir déjà sur plusieurs comédies musicales : tu chantes, danses, et joues la comédie. Quel est selon toi le plus gros challenge, en tant qu’artiste aux multiples talents ?
Le challenge premièrement, il est technique. Car dans la comédie musicale il ne suffit pas d’être un bon chanteur et un bon danseur ( ce qui demande déjà beaucoup travail). Il faut acquérir la technique pour chanter tout en dansant. C’est une technique respiratoire particulière car le danseur et le chanteur respire dans l’effort à l’opposé.
Ensuite, on te demande de toujours être au service d’une histoire et de défendre un personnage. Par exemple lorsque, j’ai joué Frenchy dans Grease au théâtre Mogador presque 300 fois sur une année, le challenge était de se dire que chaque soir tu dois re-raconter l’histoire comme si c’était la première fois que tu la faisais. Le spectateur qui vient à la 237ème représentation doit sentir la même spontanéité dans mon interprétation. Cette régularité je dirais que c’était un sacré challenge.
Mais, l’exigence technique, le fait de maitriser la technicité de ces trois arts et de constamment prendre des cours ou des stages, cela demande une grande rigueur, pour moi c’est le plus gros challenge, on a jamais finit de se perfectionner.
5. Et toi, quel a été ton plus gros challenge ?
Mon plus gros challenge, je pense que ça a été lors de la période de création de Grease.
C’était mon premier rôle sur une grosse comédie musicale, je me suis mis une grosse pression pour la comédie. Lors des auditions, mon naturel de jeu et ma spontanéité m’ont permis de remporter la course des auditions. Oui, c’est un peu comme une épreuve de Koh Lanta les auditions pour les comédies musicales!
Mais ensuite, en répétition, avec le metteur en scène, je me suis mise une telle pression que je me suis bloquée et j’ai assez mal vécu cette période.
Avec le recul, je me dis que j’aurais dû me faire plus confiance, que j’avais été prise et que je ne devais plus me poser de questions. Mais heureusement, nous étions une équipe tellement soudée que mes collègues (qui sont devenus une vraie famille d’amis) m’ont beaucoup soutenu et j’ai réussi au fur et à mesure à trouver de la sincérité dans l’interprétation de mon personnage.
6. Quel est ton meilleur souvenir en scène ?
Elle est difficile cette question…il y en a beaucoup.
Sur Grease, chaque soir pendant que Danny et Sandy chantaient l’ouverture devant le tulle en avant scène, on était avec les T’birds et Pinks prêt sur le plateau et lorsque les notes du titre « Grease is the world » commençaient et que le rideau se levait, chaque soir je me disais : « f*ck t’as trop de chance profite meuf! ». Je me souviens de cette sensation de bonheur éphémère, et je voulais tout garder et tout vivre à 100%.
Je dirais aussi tous mes fous rire avec mon partenaire de scène Doryan Ben avec qui on a un peu fait les 400 coups sur ce spectacle.
Il y a aussi tous les shows à l’Olympia où j’ai eu la chance d’interpréter la « Chanson de l’autruche » avec ma poursuite en pleine face sur Emilie Jolie !!! (et quelle belle poursuite 😉 )
Et (désolée j’en ai pleins) j’aimerai parler d’un souvenir qui est moins marrant mais qui n’en reste pas un des plus forts. C’était en 2009, à la Flambée lorsque qu’on a appris la disparition d’un membre de la troupe 20 min avant de monter sur scène et qu’on a quand même joué la représentation. Je n’avais jamais ressenti quelque chose d’aussi fort de ma vie. Aujourd’hui mes meilleurs amis sont les personnes qui étaient avec moi sur cette scène ce jour-là.
7. Tu as porté déjà quelques spectacles en tant que metteure en scène et chorégraphe. Qu’est ce qui t’inspire, comment créées-tu ?
Je commence par bien m’inspirer de l’univers, de l’époque et du style du spectacle sur lequel je travaille. Et ensuite je pars des artistes pour commencer à travailler, ce sont eux qui m’inspirent.
Cela ne m’arrive jamais de venir en studio avec une chorégraphie à apprendre aux danseurs.
En amont, j’ai travaillé et découpé la musique. J’ai des images en tête de formes et de visuels que j’imagine. Et lorsque j’arrive dans le studio, je me sers de l’énergie des artistes pour monter un tableau, en essayant de m’inspirer de ces images que j’avais en tête.
Parfois je pars complètement dans autre chose et c’est tout aussi bien. Bon pour être très honnête quand même , à chaque fois, la veille je panique en me disant « j’ai pas assez d’idées, comment je vais faire », et à chaque fois le lendemain je suis super contente du résultat. (Il va peut être falloir travailler sur cet aspect de stress chronique inutile d’ailleurs ^^)
Pour la mise en scène, j’ai eu la chance de travailler avec une production (la Flambée) qui me fait confiance et qui me laisse une liberté extraordinaire. Les artistes sont fort en propositions et très talentueux donc c’est assez simple. J’essaye de garder toujours en tête qu’on doit raconter une histoire et que le plus important est de mettre en valeur les artistes et ça vient assez naturellement.
8. Quel conseil donnerais-tu à un-e danseur/se , artiste, qui souhaite s’embarquer dans l’aventure des comédies musicales ?
Je lui dirais qu’il faut travailler, travailler et travailler. Le vrai travail paye toujours!
Mais aussi: de ne jamais perdre confiance en lui. Parce qu’il faut être prêt à essuyer de nombreux échecs, beaucoup d’injustices et d’incompréhensions, c’est le métier, il ne faut pas s’arrêter à ça, ni se comparer aux autres : c’est de la perte de temps.
Il ne faut pas avoir peur de voir grand, c’est important d’avoir de grands rêves. Chaque artiste est unique et il faut aimer sa singularité, ne pas vouloir ressembler aux autres. C’est difficile parce qu’aujourd’hui, on nous demande toujours d’être parfait (mince, maigre, bien musclé, souple, avec des beaux cheveux, du style..blabla)
SOYEZ QUI VOUS ETES, c’est ce qui fera de vous un bon artiste, la perfection c’est moche !

Spectacle Mama Mia. (Crédit photo inconnu)
9. Quel est le meilleur conseil qu’on t’ait jamais donné ?
Lhacen Hamed Ben Bella : « Florie, il faut que tu fasses plus l’amour sur scène « . J’étais jeune quand il m’a dit ça, mais aujourd’hui, je crois que j’ai compris. Ahaha, merci Lhacen 🙂
10.Quels sont tes projets, tes envies, tes rêves?
Mes projets actuellement, ce sont des nouvelles créations avec La Flambée qui arrivent pour mi et fin 2020.
Une saison en tant que directrice artistique cet été au milieu des montagnes à créer dans un cadre exceptionnel.
Le développement de GREASE GENERATION, qui est un nouveau concept que nous venons de mettre en place avec Narya Production où je suis à la production et à la direction artistique.
Quant à mes envies et mes rêves, ils sont grands évidemment 🙂
J’aimerais chorégraphier et mettre en scène des comédies musicales dans de beaux théâtres parisiens et en province, en tournée. Faire des créations, encore et encore, continuer à trouver de jolis rôles qui m’éclatent, sur des spectacles qui me plaisent, avec des équipes artistiques talentueuses. Et puis, j’aimerais aussi ouvrir une cave à vin nature avec une belle ardoise, au Québec ou en montagne, mais ça on verra si c’est pas pour une autre vie 😉
Question Bonus post-confinement
Nous sortons donc de confinement…. Comment vois-tu les choses pour notre métier maintenant, et quels impacts cette période a eu ou va avoir sur tes projets?
Personnellement c’est le cas. Mon envie de créer n’a pas changé mais je pense le faire différemment.
Ce bar à vin nature dont je parlais ,risque de ne pas être pour une prochaine vie finalement…
Dans ce projet qui à mûrit ces derniers mois, il y a beaucoup de nature, d’art, de vie, de musique, de danse, de vin biodynamique… J’en parlerai quand ça sera plus concret, mais vu que je me suis mise une deadline, je ne vais pas avoir le choix que de réaliser ce projet de dingue !!!
Belle route à toi ma Florie, merci pour tes clins d’oeil, artiste tu seras toujours, merci Charlotte pour cet article! Bises .Manou